MINORQUE  (11 au 25 septembre 2003) 
 
 
La plus septentrionale des îles Baléares est la deuxième par sa superficie (669 km2) et sa population (65 000 habitants). Elle se trouve à égale distance du Languedoc et de l’Algérie d’une part, de la Sardaigne et de la Péninsule Ibérique d’autre part, ce qui explique les échanges économiques avec tous les pays de la Méditerranée depuis l’Antiquité. Minorque est beaucoup plus basse et plate que Majorque. Elle nous plait pour la multitude de criques et de mouillages, son port naturel extraordinaire Mahon, son intérêt historique et son charme rural. 
 
A notre arrivée, il fait mauvais : fort vent de nord ouest et menace d’orage. Subitement, nous détectons un nuage en forme de chapeau de Merlin retourné, qui se déplace vitesse grand V et qui soulève la mer. Cette trombe ressemble à un gigantesque ballon de rugby, qui se déplace à la surface de l’eau. Nous rentrons rapidement les voiles (merci à la motorisation). Toutefois, plus de peur que de mal, le phénomène extraordinaire disparaît aussi vite qu’il est venu. 
 
Mahon est situé au fond d’une rade profonde de 5 km. Le plan d’eau offre un abri fantastique, qui a été convoité depuis toujours. En 1713, le Traité d’Utrecht cède l’île à l’Angleterre, qui fait de Mahon sa principale base économique en Méditerranée. L’influence anglaise se manifeste dans l’architecture urbaine par la présence de fenêtres à guillotine. Au début du 19e s., Minorque revient définitivement à l’Espagne. Néanmoins, les Anglais sont toujours omniprésents ! La vieille ville est un petit bijou. Le Cloître des Carmen a été aménagé en marché! C’est surprenant, mais c’est une belle réussite. Au sous-sol, il y a même un supermarché. La ville a donné son nom à la sauce mahonnaise devenue la mayonnaise. 
 
Depuis toujours, le sol troué de l’île offre de nombreux abris naturels pour des habitations et des sépultures. Les vestiges préhistoriques mégalithiques datent de l’age de bronze : des talayot (environ 200), de grandes constructions de pierre en forme conique qui pouvaient renfermer une chambre funéraire et servir peut-être de base à une habitation en bois ; des taula, deux grandes dalles disposées en T, probablement des autels, dont celui de Trepuco d’une hauteur de 4m80 ; des naveta, monuments funéraires en forme de nef renversée. 
 
Le port de Ciutadella, à l’ouest, est également un port naturel. Toutefois, le bras de mer est très étroit, et il n’y a pas beaucoup de place. Nous rejoignons les lieux en car. Nous découvrons l’intérieur par la même occasion : paysage typiquement méditerranéenne avec des pinèdes, oliviers sauvages, de la bruyère, du romarin. 
 
Après être restés 4 jours dans la rade de Mahon, nous découvrons quelques criques. Isla Colom d’abord, où Pierre grée son annexe à voile. Il fait un grand tour. Il est le plus heureux du monde ! Quelques problèmes techniques restent à résoudre, mais  l’annexe remonte bien au vent, et passe correctement dans les vagues. L’endroit est merveilleux, bien protégé et très sauvage. Fornells ensuite, où nous dégustons une délicieuse « Caldereta de langosto » en compagnie de Guy (71 ans) et d’Elisabeth de Lyon. Ils entament leur 2ème tour du monde sur « Perceval » (Maramu). La crique est très vaste, offre beaucoup de mouillages. Il y a très peu de constructions.  Malheureusement, nous sommes envahis de mouches. « Last but not least » Addaya, un petit paradis. Cette cala est difficile d’accès, puisqu’il y a peu de fond à l’entrée. Elle est étroite, et très profonde. Nous arrivons par mer calme, et trouvons une place à quai dans le petit port, blotti derrière une petite île. Aucune houle ne rentre, même si le vent de NE souffle dehors à 20 nœuds. Enormément d’habitués, surtout des anglais, ainsi qu’une armada de canards qui réclament à manger. 
 
Le vendredi 26 septembre, la météo nous permet de traverser le Golfe de Lion. Il n’y a pas beaucoup de vent, et nous avançons surtout au moteur. La nuit est noire, mais bien étoilée. Au bout de 40 heures, nous arrivons à Porquerolles. Ne disposant pas de carte électronique de la région, nous revenons à la vieille carte papier. Nous avons beau connaître les lieux, nous ne sommes pas tout à fait rassurés. Il fait nuit et l’orage menace. Ellen guette dehors et serre les fesses sous une pluie battante. Pierre, à l’intérieur, se fie au radar et au GPS,  le nez sur la carte. Tout doucement, nous avançons dans la baie à l’ouest du port. Dimanche matin, à 01 heure, Annabelle est ancrée.